Frédéric Tejou, un talent plein d'expérience
Frédéric Tejou

J'ai connu 7 clubs, j'ai joué 323 matchs avec une seule devise: être plus fort qu'hier.

Karaïbes Sports la première plateforme multimedia consacrée uniquement à l'information footballistique des Antilles-Guyane a rencontré l'un des jeunes talents du football en Guadeloupe. 

MA PASSION, MON INSPIRATION, MES SUCCÈS.

 

Bonjour Frédéric, peux-tu te présenter aux internautes de Karaïbes Sports ?

Bonjour, Karaïbes Sports, je suis Frédéric TEJOU, j’ai 30 ans. J’ai commencé le football à l’âge de 3 ans, d’abord en voulant imiter mon grand frère (gardien de but à l'époque) puis je me suis pris littéralement de passion pour ce sport. Depuis le plus jeune âge j'avais déjà fait mon choix et je n'ai jamais voulu essayer un autre poste. Aujourd' hui je suis actuellement le gardien de but de l’Association Omnisports de Gourbeyre (AOG). Malheureusement en Guadeloupe nous ne pouvons pas vivre du football, sauf si on parvient à être recruté en métropole ou dans la Caraïbe, alors je suis également agent administratif au Conseil Régional de la Guadeloupe.

Qui est ton gardien de but préféré ? Et pourquoi ?

Il y en a deux ! Je commencerai par mon frère, Josyp. C’est lui qui m’a transmis cette passion pour ce sport et en particulier pour ce poste. Les bases du gardien de but, c’est lui qui me les a apprises.
Par la suite, le gardien qui me faisait rêver c’était Monsieur Bernard LAMA, c’est mon idole. Il a réinventé ce poste, repoussé les limites du gardien de but de l’époque. Il impressionnait par ses prises de balles, ses sorties aériennes, son côté félin… Des mecs comme ça ne devraient jamais vieillir pour jouer éternellement. J’ai eu la chance de jouer devant lui à l’occasion d’un tournoi avec la sélection U18 où j’ai été élu meilleur gardien. C’est lui qui m’avait remis mon prix. Discuter avec lui m’a permis de franchir un palier, celui de la préparation d’avant match. Je l'ai revu il y a quelques années, l’émotion était toujours aussi forte, je suis éternellement fan.

Depuis 2003, tu as un parcours hors du commun (7 Clubs, 323 matches joués soit 94% de titularisation hors blessures) avec des titres personnels & des titres en clubs. A quoi est lié ce succès ?

En effet, j’ai joué dans de nombreux clubs ! Je dirais que mon succès est lié à ma rage de vaincre, l’envie de toujours prouver et donner le meilleur de moi-même. J’ai toujours eu envie de repousser mes limites, voir jusqu’où je peux arriver dans mes challenges.

L'IMPACT DES STATISTIQUES

Savais-tu que ta moyenne de buts encaissés par match est inférieure à celle de Petr Čech (1.44 buts encaissés par match joué) ? Qu’en penses-tu ?

Non ! Je ne vais pas m’enflammer, nous ne jouons pas au même niveau. Mais c’est toujours encourageant, je me dis que si j’avais eu ma chance au plus haut niveau avec la qualité des entraînements je pense que j’aurais pu être pas mal dans mes prestations.

il y a aussi ta moyenne de matchs joués sans encaisser aucun but qui est meilleure que Petr Čech (37%), David de Gea (38%), Thibaut Courtois (35%) et Hugo Lloris (35%). Mais qu’est-ce qui t’a manqué pour devenir semi-pro ou professionnel ?

Je dirais le facteur chance. J’ai eu l’occasion de faire des essais mais malheureusement je me suis blessé au mauvais moment. Je pense que si j’étais parti faire mes études en métropole, même en jouant pour un petit club, tôt ou tard j’aurais percé. Je suis sûr de mes qualités, sans rien enlever à la qualité des gardiens des clubs où j’ai fait des essais, je pense sincèrement que le facteur chance m’a fait défaut. 
SON AVENTURE AVEC LES GWADABOYS
Photo credits: @Sentann.tv

Que représente pour toi le fait de jouer pour la sélection de la Guadeloupe ?

Je dirais dans un premier temps que c’est un honneur pour moi ! Représenter son pays ou son île c’est quelque chose de merveilleux, j’ai toujours eu une attention particulière pour la Sélection de la Guadeloupe. On ne l’imagine pas, mais représenter son pays peut ouvrir pas mal de portes aussi bien pour intégrer un club professionnel que pour trouver une stabilité dans le monde du travail.
 
En juin 2007, la sélection de la Guadeloupe est rentrée dans l'histoire de la GOLD CUP en terminant 4ìeme. Dans une coupe où des nations se sont rencontrées, les Gwadaboys ont marqué le football pour beaucoup de jeunes à cette époque. Et en octobre 2007, tu as été appelé en sélection. Comment as-tu vécu cette sélection senior à 19 ans ? À qui as-tu annoncé la nouvelle en premier ? Et quelle est la chose qui t'a marqué le plus dans l'ambiance, le moral, les échanges d'expériences entre joueurs ?

C’était un rêve qui se réalisait ! En même temps c’était une suite logique, car j’avais déjà fait partie de toutes les sélections de jeunes. Mais être appelé en sélection de la Guadeloupe quelques mois après ce magnifique parcours en Gold Cup c’était juste magnifique. 
Je me rappelle très bien de ce jour ! J’étais à l’entraînement au Racing Club de Basse-Terre et comme d'habitude le coach Mr Jacques Hatchi présentait la séance ainsi que le programme de la semaine. À la fin de son discours, il a communiqué cette nouvelle. Durant tout l’entraînement, je ne pensais qu’à annoncer la nouvelle à mes parents. Une fois la séance terminée, n'ayant plus la patience d'attendre d'arriver à la maison, j’ai tout de suite appelé ma famille pour annoncer cette première sélection.
À 19 ans, arriver dans un groupe qui vient de partager une telle expérience c’était une fierté, je savais que j’allais faire des connaissances enrichissantes pour mon avenir tel que Marius FAUSTA. 
Faire partie des meilleurs joueurs de ton pays ou de ton île ça donne du punch au moral, c’est en quelque sorte une récompense alors je crois que ma confiance était à ce moment infaillible. Quant à l’ambiance, elle était super, j’ai appris à connaître mes partenaires et d’ailleurs avec nombreux d’entre eux, nous sommes devenus de très bons amis.

La sélection de la Guadeloupe fait partie des rares sélections de football où 3 catégories de joueurs se rencontrent en même temps (professionnel, semi-pro, amateur). Comment arrivez-vous à gérer cet écart d'expérience & de niveau dans le groupe ?

Honnêtement, nous gérons cela très bien. C’est valorisant pour nous «joueurs locaux», car cela nous permet d’élever notre niveau de jeu. On apprend à travers eux, leur vision de jeu, leur culture footballistique… c’est très important. Nombreux sont ceux qui conseillent.  À vrai dire, techniquement, nous ne sommes pas si loin de leur niveau; mais en termes de culture du football, tout ce qui est tactique il y a parfois un monde. Alors on apprend…
  
En général le cauchemar d’un gardien de but est l’attaquant. Quel attaquant aurais-tu préféré avoir dans ton équipe plutôt que contre toi ? Et pourquoi ?

Ils sont nombreux ! À mes débuts, ceux qui m’impressionnaient le plus étaient Yannick Darmalingon, Dominique Mocka, Ludovic Gotin. À l’heure actuelle, je trouve Elbert Anatol très bon. Ayant déjà joué avec les 3 premiers, si je devais choisir ce serait Elbert, il est complet et très talentueux et aussi plus jeune. Mais nous avons de très bons attaquants en Guadeloupe.
 
Quels sont tes objectifs pour la nouvelle saison avec ton club et les Gwadaboys ?

Avec mon club, l'objectif est de faire une meilleure saison que l’an dernier et d'obtenir le maintien le plus rapidement possible, ce qui nous permettra de revoir nos objectifs à la hausse. Concernant la sélection, mon plus grand souhait serait de contribuer à son renouveau en redorant son blason afin que l’on puisse participer de nouveau aux grandes compétitions qui ont su faire les fanatiques du football guadeloupéen vibrer comme à la Gold Cup 2007.
LE FOOTBALL EN GUADELOUPE

Que représente la Guadeloupe pour toi au niveau footballistique ?
 
La Guadeloupe est une terre de champions ! Nous avons fourni énormément de joueurs au monde professionnel dans toute l’Europe. Si l’on pouvait faire une sélection des joueurs guadeloupéens, on pourrait affronter les plus grandes nations du foot au monde.
 
À ton avis, pourquoi l’écart s'est creusé entre le football guadeloupéen et martiniquais ?

Il y a dans un premier temps la qualité des formateurs, je pense qu’ils ont misé sur la formation. Et depuis quelques années ils récoltent le travail de fond sur lequel ils s’étaient engagés. La qualité des terrains aussi joue un rôle prépondérant dans la qualité du jeu fourni. D’autre part, les sponsors - qui eux injectent de l’argent dans les clubs - facilitent le recrutement des meilleurs joueurs de l’île ainsi que les primes de matchs, ce qui pousse les joueurs à se surpasser. On le sait tous, l’argent est le nerf de la guerre.

Aurais-tu peut être un message particulier à faire passer aux acteurs de notre football en Guadeloupe ?
 
Bien sûr ! Il est temps de promouvoir notre sport, en commençant par améliorer l’état de nos terrains, cela faciliterait la production d’un football de meilleure qualité. Trouver un moyen pour que les entreprises jouent un rôle dans ce sport à travers le sponsoring, en Martinique cela se fait très bien et le résultat est là. Nous fournissons trop de talents au monde professionnel pour que nos championnats locaux soient aussi ternes et si peu médiatisés. Je pense que les médias aussi pourraient faire changer notre société de violence à travers le football.

Avec un million d'euros en poche, comment aurais-tu investi cette somme pour développer le football en Guadeloupe ?
 
Je commencerais par mettre en place des infrastructures de qualité. J’aurais mis en place des formations pour nos entraîneurs afin que l’on sorte encore plus de talents et que la qualité de notre football soit redoutable. Ensuite, je crois que j’aurais créé un club avec mes convictions dans l’espoir qu’il soit un jour capable de rivaliser avec les clubs que nous pouvons rencontrer dans la Caraïbe et en France dans le cadre de la coupe de France. Pour finir, je trouverais des partenariats avec plusieurs clubs au monde afin de donner aux jeunes la chance de faire des essais au sein des clubs professionnels. Je suis un peu juste avec un million !
 
KARAIBES SPORTS DANS LES ANTILLES-GUYANE
Que penses-tu de l'arrivée de Karaibes Sports sur les Antilles-Guyane ?

Je pense sincèrement que c’est de bonne augure pour aider notre sport à prendre un peu d’ampleur, le faire renaître. La médiatisation de notre football est très importante, elle suscitera sans doute l’envie des entreprises à sponsoriser les clubs. Offrir une visibilité aux joueurs caraïbéens c’est inédit et tellement attendu. 
Quels sont les avantages pour vous, joueurs, de l'arrivée de Karaibes Sports ?

Comme je l’ai dit auparavant la médiatisation, mais aussi les statistiques qui sont des points importants pour taper dans l’oeil des recruteurs. Pour les plus jeunes que moi, c’est une corde de plus à leur arc.
Merci beaucoup Frédéric Tejou pour cet instant avec nous.

Karaïbes Sports te souhaite un bon début de saison et nous espérerons avoir un autre entretien avec toi pendant cette aventure footballistique de 2017 - 2018.


Merci à vous. Ce fut un réel plaisir de partager ces quelques lignes avec vous. Je vous souhaite une bonne continuation dans votre aventure.
  

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